- Introduction
Depuis 1961, la République populaire de Chine s’est engagée dans la production institutionnelle et juridique relative au patrimoine culturel en mettant en place le premier texte législatif de sauvegarde des monuments historiques, accompagné d’une liste de sites à valeur patrimoniale. Si ce premier inventaire prenait en compte essentiellement les sites liés à la révolution communiste et à l’archéologie, peu à peu, ce modèle a été étoffé par l’inclusion des sites historiques et culturels où la composante locale et « ethnique » [民族] entre en considération. Ce nouveau paradigme s’est traduit par un accroissement fort dans l’investissement culturel, revalorisant non seulement les éléments des différents passés impériaux mais aussi ce qui est appelé, dans les termes officiels, les « minorités ethniques » [少数民族]. Dans ce contexte patrimonial inédit, une série de monuments bâtis retiennent l’attention : ceux appartenant au « patrimoine musulman » [伊斯兰文化遗产]. Sans être institutionnellement reconnue sous cette appellation[1], ce patrimoine pose de nombreuses questions notamment sur les enjeux politiques, économiques et sociaux sous-jacents. A travers cet article, je propose quelques pistes de réflexion sur l’établissement de ces politiques culturelles qui conduisirent à l’émergence d’une catégorie non formulée.
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